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Villes souterraines de Cappadoce (Turquie)
Plus de 50 « villes souterraines » ont été inventoriées en Cappadoce. Ces « villes souterraines » sont de vastes réseaux composés de plusieurs dizaines de salles reliées par de longs et étroits couloirs. La célèbre « ville souterraine » de Dérinkuyu, ouverte au public, est l’une des plus étendues ; elle comporte plusieurs niveaux et s’enfonce jusqu’à une profondeur de 45 m. Malgré les dimensions impressionnantes du réseau de Dérinkuyu qui pouvait probablement abriter 700 à 1000 personnes, la capacité de la plupart de ces complexes souterrains n’excédait pas quelques centaines de personnes. Il serait de ce fait plus approprié de les considérer comme de grands souterrains-refuges villageois comparables du point de vue de leur taille à ceux creusés dans le nord de la France. Les refuges cappadociens disposent d’aménagements utilitaires variés : trous d’aération, petites et grandes niches, puits à eau et silos à grains. Concernant les aménagements défensifs, dans quelques réseaux, il existe des goulots ainsi que des feuillures taillées dans la roche et destinées à recevoir des portes de bois. Néanmoins, la porte de pierre - un disque de pierre similaire à une meule - constitue le système de défense caractéristique des refuges cappadociens. Toutes les « villes souterraines » sont protégées par ces portes de pierre, certaines d’entre elles atteignant des dimensions impressionnantes. La plus monumentale des portes de pierre du grand souterrain-refuge villageois de Özkonak est haute de 1,8 m et large de 0,67 m, avec une masse totale de 3,5 tonnes. Un orifice central perce de nombreuses portes de pierre. Tel un judas, il permettait de surveiller le couloir d’accès, mais il servait aussi très certainement de trou de visée, c’est-à-dire de meurtrière. Dans de nombreuses « villes souterraines », il existe d’ailleurs d’autres trous de visée forés dans les parois ou les voûtes des couloirs et débouchant juste devant les portes de pierre. Ainsi, dans les refuges cappadociens, les nombreuses portes de pierre successives combinées aux trous de visée assuraient une défense active élaborée et efficace. Les grands souterrains-refuges villageois de Cappadoce ont été creusés par des communautés rurales afin de se protéger des razzias arabes (du VIIIe au Xe siècle) et des attaques des Ottomans et des Turcomans (du XIIIe au XVe siècle).
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